(TC / TO SAY GOODBYE)

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Dire au revoir. C'est terrible. Dire adieu, c'est un déchirement. C'est une idée qui paraît bien abstraite. On sait qu'un jour, on dira tous au revoir, à ceux qu'on aime, à ce qui fait ce qu'on est. C'est le cycle de la vie. On croit tout savoir, mais finalement on est jamais réellement préparé. Trois semaines que l'accident a eu lieu. Katej est décédée. Trois semaines ça paraît long quand on attend, qu'on garde espoir, même quand on sait déjà que c'est une pure folie. Lizzy a perdu sa meilleure amie. Une sœur, presque une jumelle. Une partie d'elle. Debout, dans sa petite robe noire, elle regarde autour d'elle. Parfois ses yeux se posent sur le cerceuil de bois. Parfois sur les visages tristes. Elle essaie de rester forte, de ne pas craquer. Quand ça ne va pas, elle sert fort le bras de Hunter près d'elle. Heureusement.

Reggie est présent. Proche de Lucrezia, et donc presque par alliance de Katej, c'est tout naturellement qu'il était là. Il était même pas très loin de Lucrezia, dans les rangs. Il tenait à être proche d'elle. C'est l'une des personnes à qui il est très attaché. Il se rappelle l'avoir aidé plusieurs jours auparavant pour aller embrasser sa femme. L'ambiance était terrible. Même Reggie toujours drôle et souriant, aujourd'hui était tout simplement bouleversé. Il se tenait droit, mais n'était pas à l'abris de verser sa petite larme. De temps en temps, il passait sa main amicale sur l'épaule de Lucrezia, mais il ne l'encombrait pas, il savait qu'elle aussi avait besoin de se recueillir, son esprit et elle. Mais il était là, toujours. Ça lui faisait quand même plaisir de voir autant de monde autour des filles.

Il y a des jours, où un peu de tendresse fait du bien. Un simple geste d'amitié, ou d'un peu plus. A cet instant Reggie n'a pas envie de se poser de questions. A cet instant, devant le cercueil de son amie, de la femme d'une de ses meilleures amies, il ne veut pas réfléchir. Il se contente de ressentir. Il reste bien entendu dans le contrôle. Il ne se laisse pas déborder par l'émotion, il n'en a pas le droit. Il doit pouvoir assurer, si Lucrezia a besoin de lui. Mais il aime cette place là. Pourtant ça fait parfois du bien de relâcher un peu cette pression. Il sentit cette douce main dans la sienne. Il la serra fort, avant de tourner son visage vers Raley. Il relâcha doucement la main de sa maîtresse pour passer son bras autour de son cou, et de la serrer contre lui. Il déposa un simple baiser sur sa tête. Reggie adorable, qui relâche la pression avec elle. Il ne pouvait pas dans cette atmosphère. Mais il était heureux qu'elle soit là. Merci, lui chuchota-t'il doucement. Il la gardait contre lui, mais restait grave dans son visage.

Les funérailles. Le moment tant redouté pour dire adieu à un être aimé. Mais contre toute attente ce n’est pas le moment le plus difficile. C’est l’après. Vivre après sans cette personne. Passer par toutes sortes d’émotions, vivre le deuil pour l’accepter. Hunter était déjà passé par là. Son père. Sa sœur. Son frère. Le vivre et le revivre ne rendait pas les choses plus faciles au contraire. Encore une fois sa famille était touchée. Katej faisait partie de la famille. Elle était certes la meilleure amie de sa fiancée, mais leur relation allait bien au-delà. Lizzy la considérait comme sa sœur. Ce qui faisait donc d’elle sa belle-sœur en plus d’être celle qui leur avait permis de se rencontrer. Il lui était inconcevable qu’elle ne fasse plus partie de leur vie. Ses pensées se tournèrent également vers Lucrezia, sa femme. Cet accident avait plongé la ville toute entière en enfer ! Il n’y avait pas un visage qui n’était pas peiné par ce qui s’était passé. Pas une personne qui n’était pas venue aux funérailles. En cet instant tous devaient penser à un souvenir avec elle, à ce qui faisait d’elle cette personne si merveilleuse. Lui, pensait à son rire. Si communicatif, si beau. Elle avait cette joie de vivre et maintenant…. Ses pensées s’éloignèrent quand il sentit une pression sur son bras. Lizzy. Il passa son bras derrière sa nuque et la resserra son étreinte pour lui montrer tout son soutien. Il était là pour elle. Pour le meilleur et pour le pire. Emu, ses yeux le trahissaient, mais il ne pleurait pas. Jamais. Il refoulait tout au fond de lui-même parce qu’en cet instant, cela n’avait pas lieu d’être. Seule Lizzy lui importait. Lizzy et Lucrezia.

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on t'a pas vu depuis ce jour la, personne n'a eu de nouvelle, personne ne t'a croisé, c'est somme si t'avait disparu depuis sa mort, téléphone éteint, silence radio, tu ne voulais voir personne, entendre personne, tu t'es planqué et tu n'es sorti que hier, parce que voila, il fallait préparer l'enterrement, que tout soit parfait pour un dernier au revoir à ta soeur, et tout ça en ménageant ta petite fille qui comprenait pas trop pourquoi sa tata était morte alors qu'elle n'avait pas eu le temps de la voir.
l'enterrement commence, toi, t'es caché, encore, dans l'ombre d'un arbre, ta fille collée à toi qui te tient la jambe et vous regardez tout ce beau monde, venu rendre un hommage à Katej, tu chiales comme un bébé, t'arrête pas depuis qu'on t'a annoncé son décès, t'arrive pas à comprendre comment c'est possible, comment ça ce fait qu'elle est morte.
personne ne te voit, du moins tu l'espères, t'étais là avant tout le monde, et tu resteras après tout le monde, quant à ta petite katej, elle à bien saisi que le moment était au calme et au recueillement, elle est triste pour sa tata, et te voir pleurer ne l'aide pas, t'essaies pourtant, d'être forte et de faire bonne figure pour elle, mais c'est trop, ton exil pour te remettre n'a pas marché, et voir tout ce monde présent pour ta soeur, ça montre à quel point elle était adoré, contrairement à toi, c'est à peine s'ils savent que tu existes.

Des lunettes noires sur ton nez pour cacher la dérive de la nuit. Prétexte. Les lunettes noires sont un voile entre deux mondes, celui de la souffrance qui te tiraille dans tous les sens et celui des objets extérieurs, corbillard, fleurs, cercueil, tombe. Voile entre toi et les gens, aussi. Eux-même ont pris cette teinte ombrée qui les fait encore reconnaitre mais qui fait apparaitre le moins possible leur tristesse. Tu n’as pas besoin de la voir, tu ressens la peine qui est en chacun d’eux. Tu ressens aussi toute l’amitié et la compassion d’une main qui se pose de temps à autre sur ton épaule.

Tu as le regard fixe derrière tes lunettes noires, assise dans le fauteuil roulant, encore cassée. Tu ne veux pas de cet instant qui offre à ta vue cette boite à la vérité cinglante : tu continueras ton chemin sans elle. Tu veux tous les autres moments que vous avez passés ensemble. Pas celui-là. Tu as le regard fixe sur les fleurs. Parce que tu sais que dès que tu vas croiser un visage triste, tu vas pleurer. Ça n’en finit pas, depuis que ses doigts ont lâché les tiens. Ce n’est pas de la pudeur, encore moins de la froideur, c’est tenter un moins, parce que les nuits prochaines seront glaciales et les jours seront vides. Tu sais les torrents qui en découleront. C’est peut-être, quand même, la dose de calmants que tu as avalés tout à l’heure, qui ajoute au voile.

Dire adieu. Enterrer son amour. Se séparer de la personne à laquelle on a tant tenu, à laquelle on tient toujours. La faucheuse a choisi, a cueilli et c’est tout. Sans compassion, sans se soucier de l’âge, des bonheurs partagés, ceux à venir. On va dire que c’est toujours ainsi, parce que c’est toujours ainsi. Elle tranche dans le vif. Et au diable, les survivants ! Tu n’étais pas prête à une telle amputation de ta vie. Vous veniez, ensemble, de faire le plus beau des projets, avoir un enfant. Tu n’imagines plus qu’une solitude pour le reste de tes jours. Tu es incapable d’imaginer que reconstruire un avenir est possible. Après Katej, il n’y a rien. Tu t’étais dis que tu ferais tout pour tenir le coup durant cet enterrement. C’est raté. Tu trembles. Tu pleures. Elle est partie, mais tu ne veux pas dire adieu. Vous vous retrouverez, un jour, ailleurs.