✗ ohana, means family. (with reedouillet)

C'est une bonne journée. Je profite du beau temps pour passer un peu de temps dehors, avant de retourner à la bibliothèque pour la permanence de nuit. Je m'étais portée volontaire pour assurer le service jusqu'à vingt heures et avec quelques collègues, nous allions faire non seulement l'inventaire mais aussi avancer sur la numérisation d'anciennes coupures de journaux. J'aime l'odeur des vieux livres, archiver et faire des recherches. C'est quelque chose que je tiens de ma mère, je suppose.

Pourtant, je suis heureuse quand je travaille au café aussi. L'odeur du café. L'agitation du matin. Les commères du bout de la rue. Il suffit d'un sourire pour apporter un peu de bonheur. N'est-ce pas merveilleux ? J'ai quitté mon service, il y a un peu plus d'une heure. Je n'ai pas pris le temps de me changer, je le ferais en arrivant à la bibliothèque. Portant encore mon tablier et une petite robe en velours mauve, j'ai l'impression d'être la vedette d'un vieux film des années cinquante.

Je me balade un peu à travers le parc. Le froid me pique les joues. Je profite du moment pour respirer un grand coup. L'hiver touche doucement à sa fin. La nature reprend ses droits, tandis que la neige fond peu à peu.

Mon regard se fixe sur une silhouette que je reconnais. Je souris, inévitablement. Je m'avance doucement, pour ne pas être remarquée. Je vérifie une dernière fois l'identité de ma victime. Check.

« Bouh ! » hurlais-je, en apparaissant subitement devant Reed. Je ne peux m'empêcher de rire en voyant sa réaction. « Eh bien petit, faut pas t'éloigner des adultes ! Tu risques de perdre » dis-je en plaisantant « Comment ça va ? Je m'attendais pas à te voir ici, en semaine en plus »

« Bouh ! » hurlais-je, en apparaissant subitement devant Reed. Je ne peux m'empêcher de rire en voyant sa réaction. « Eh bien petit, faut pas t'éloigner des adultes ! Tu risques de perdre » dis-je en plaisantant « Comment ça va ? Je m'attendais pas à te voir ici, en semaine en plus » Je ne m'attendais pas d'ailleurs à croiser une seule âme qui vive dans le parc, aujourd'hui. Je souhaitais profiter du calme, du soleil et de l'air frais avant d'aller à la bibliothèque. La nuit sera longue. Le café  ? Une nécessité. J'espère pouvoir assurer le service de l'après-midi au café, avec le sourire, le lendemain. Enfin, je me suis portée volontaire. Alors, j'assume.

Reed ne semble pas avoir apprécié ma plaisanterie, autant que moi. Peu importe, je me suis amusée l'espace d'une seconde. C'est étrange comme d'une génération à une autre, nous sommes différents. Pourtant, je l'aime cet enfant. « Eh bien, tu as fini tôt le travail aujourd'hui. C'est sympa, tu peux profiter un peu du beau temps » Ce que j'aime dans mon travail, c'est que mes horaires ne sont jamais les mêmes. Chaque semaine ne ressemble pas à la précédente. Et pourtant, ma patronne est une perle. Possédant un café, elle permet des horaires aménageables et permettant de finir tôt une journée. Rentrer chez soi avant qu'il fasse nuit en hiver, c'est vraiment ce qui me permet de me lever chaque matin. Et c'est elle qui me permet du coup, d'assurer mes permanences à la bibliothèque. Elle sait que c'est important pour moi « Ça va, je viens de terminer mon service au café » répondis-je, avec le sourire.

Je me décale un instant, pour lui permettre de descendre de table. Je n'ai pas pu réagir. J'ai seulement eu le temps de poser ma main sur son bras en espérant l'aider à se stabiliser. Le craquement de la guitare sur le sol givrée fut violent. Je ne pouvais rien faire d'autre que de la regarder, comme une épave et la bouche grande ouverte. Mon regard navigue entre Reed et sa guitare, alors qu'il la récupère, littéralement en morceaux.

J'ai envie de faire une blague sur de la colle, mais je me retiens. Après tout, je sais à quel point cette guitare compte pour lui. Alors, même si je souhaite détendre à la situation avec mon humour, cette fois, ce n'est pas le moment. « Tu connais une boutique dans le coin pour arranger ça ? » Vu l'état, je propose une autre alternative « Ou en prendre une autre » dis-je en posant ma main sur son épaule, pour conforter Reed.

« Je me suis portée volontaire pour aider à la bibliothèque ce soir, du coup je profite du beau temps avant d’y aller » lui répondis-je. C’était mon petit moment oxygène, la bibliothèque. Je sais que ça peut paraitre stupide. Beaucoup ont un mauvais souvenir de cet endroit. Trop carré, trop silencieux. Pourtant, il suffit d’un sourire et d’un canapé pour rendre cet endroit lugubre tout de suite plus accueillant. Le bâtiment étant ancien, l’équipe avait rénové à moindre le coût l’intérieur pour justement attiré à nouveau les habitants de Montana.

C'était mon paradis, ma bulle de tranquilité. Cette bibliothèque, c'était toute ma vie. C'est l'endroit où je passais beaucoup de temps avec ma mère, pour ses recherches. C'est l'endroit où je me réfugiais quand ça n'allais pas à la maison. C'est l'endroit où je pouvais me plonger dans un livre pendant des heures et pourtant, ne pas voir la nuit tombée. C'est tout naturellement ainsi que je m'étais portée volontaire pour soutenir l'équipe qui y travaille à plein temps. Je me donnais corps et âme dans cette tâche. Pour Reed, c'était sa musique. Pour moi, c'était la littérature « Environ, mais j'ai une bonne pause donc, ce sera moins dur que ça en a l'air  » dis-je pour rassurer Reed quant à mes horaires disproportionnés. Je n'allais pas faire ça tous les jours. C'était exceptionnel, mais je le faisais avec plaisir même si le café allait être le seul moyen pour tenir.