number one - astra williams

Astra déteste quand on la prend pour plus jeune que son âge. Même si elle avoue volontiers qu'elle fait au moins deux ans de moins × C'est une accro de la vitesse, au temps sur la glace que sur le béton, il faut que ça file × vous ne verrez jamais Astra sans sa paire d'écouteur ou son téléphone. Le parfait stéréotype, elle est perdue sans son téléphone × Elle peut parfois rester des nuits entières éveillées, à trainer dehors chaussée de ses rollers ou dans sa chambre à regarder de vieux films × Astra adore le cinéma, n'importe quel film, elle y va juste pour le plaisir d'être dans la salle et de manger du pop corn × Elle aime bien dessiner. Ça date de quand elle s'ennuyait en cours, elle regardait par la fenêtre ou dessinait × Elle donne des cours parfois à des petits à la patinoire, pour se faire un peu d'argent de poche × Quand elle essaye de discerner le réel du faux, elle plisse les yeux. Même si elle les connaît ses  hallucinations, elle a toujours les mêmes depuis trois ans × Elle a une très bonne relation avec son frère, même si celui ci  semble un peu trop protecteur ×

C'est ma psy qui m'a dit de faire ça. Je comprends pas vraiment à quoi ça va m'avancer mais soit, je vais, plus ou moins, écrire le déroulement de ma vie sur ces vingt dernières années. Avec mes pensées et en dérivant parfois. En comprenant mes souvenirs et ce que les gens de ma famille m'ont raconté au fur et à mesure.

Je suis née le 2 décembre 1996 à Montana, enfin j'étais pas toute seule. Avant moi, y'a mon jumeau, ce qui fait de lui l'aîné de quelques secondes. Il paraît que j'ai braillé comme mille la première fois que ma mère m'a prise dans ses bras. Il semble que j'étais une petite fille très impétueuse et expressive. Ça c'est pas vraiment arrangé avec l'âge, quand je vois ce que je suis capable de faire maintenant sous le coup de la colère. Mais je suppose que tout le monde fait des trucs débiles sous la colère non ?
Nos parents sont donc rentrés avec deux bébés, une fille qu'ils ont appelé Astra et un garçon qu'ils ont appelé Orion. Ce qui donne Astre au féminin et une constellation. Le prénom de mon frère à quand même plus d'histoire que le mien. Orion étant un chasseur qui avait vu nu Artémis, la déesse de la chasse. Artemis  le tue et Zeus en a fait une constellation. Il me semble, je me rappelle plus trop, ça remonte à mes cours de collège.
Parlons de l'école tient. Ma chère psy, vous le savez déjà mais l'école n'a jamais été mon fort. Je suis la fille du fond de la classe, la blondinette qui parle à peine mais qui arrive à trainer avec les populaires parce qu'elle est la sœur de truc muche. Mon frère ne m'a jamais considéré comme un boulet. Encore mieux, si je traînais avec lui, il pouvait garder un œil sur moi et sur mes fréquentations. Il est pas surprotecteur, il prend juste son rôle d'ainé de quelques secondes très à cœur.
Il vient à toutes mes compétitions de patinage, il est mon plus grand supporter. D'ailleurs, nous allons aborder la partie patinage de la chose. Quand j'étais petite, mon père nous a amené une fois à la patinoire. J'ai tout de suite aimé ça. J'étais déjà une tête brûlée à l'époque, à trois ans, j'avais déjà abandonné les petites roues sur le vélo. Mes parents devaient me courir après parce que j'allais trop vite. Alors la sensation sur la glace. Je n'en avais rien à faire de tomber, d'être mouillé ou autre. J'adorais glisser, prendre de l'élan et sentir le vent sur mon visage. Alors j'ai commencé à prendre des cours. A chaque fois que je pouvais, je retournais à la patinoire. J'ai fait un break il y a trois ans. A cause du diagnostique.
Et c'est la que vous, psy, vous intervenez. Il y a trois ans, j'ai eu un énorme décrochage scolaire. Je séchais, je m'isolais mais le pire a été les hallucinations. Je passais mes journées enfermée dans ma chambre. J'ai même arrêté le patinage. Mes parents ont décidé qu'il était temps que j'aille voir un psy. On a parlé.
"- Comment ça va Astra ?
- Comment ça ? J'entends des choses qui n'existent pas, j'arrive même pas à suivre en cours parce que quelque chose me nargue par la fenêtre et mes parents me prennent pour une folle alors non. Je sors plus et ça me va très bien comme ça, je vois pas où est le problème !
- Tes parents m'ont dit que tu n'étais pas comme ça avant.
- Les gens changent, c'est comme ça. "
Mais c'était pas aussi simple. Ma psy m'a diagnostiqué une schizophrénie. J'ai les symptômes suivant
- hallucinations visuelles et auditives
- perception altéré
- repli sur soi même, comportement bizarre et imprévisible
- percevoir son entourage comme hostile.
J'étais complètement déconnectée de la réalité et ça m'arrive encore parfois, quand je ne prends pas mes médicaments. Depuis j'ai repris le patinage, j'ai fait des compétitions et j'ai repris mon niveau d'avant. Je suis retournée au lycée pour finir mon année et avoir mon diplôme. La remise à niveau a été dure, comme mon retour dans la vie sociale lycéenne. J'étais traitée comme la folle et la popularité de mon frère n'y a rien changé.
Les médicaments m'aident à ne plus avoir cet isolement et mes hallucinations, mais il m'arrive toujours de les avoir. Et j'ai du mal à les contrôler et à faire abstraction.
J'ai été heureuse de quitter le lycée. Mon frère a décidé de faire des études, je me suis orientée vers le patinage, naturellement. Je vis toujours chez mes parents, parce qu'ils pensent que ça serait trop compliqué pour moi de tout gérer. Même si ça ne change rien, ils sont de plus en plus absent, me laissant la plupart du temps seule avec Orion.
J'ai donc retrouvé une vie sociale normale en quittant le lycée. Je sors,  j'ai des amis, j'ai même un job. J'aime bien avoir mon indépendance, je donne des cours parfois l'après midi à des enfants.

Donc voilà chère psy, je crois que j'ai fait le tour de la question. Je crois que je suis toujours là même qu'avant le diagnostique. En ce moment tout va bien dans ma vie. J'espère que ça durera longtemps.